Wiki Les contes de grimm nt1
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Le Roi Barbabec
DrosselbartSchiestl

Lithographie de Rudolf Schiestl, 1931

Informations
Auteur(s) Jacob et Wilhelm Grimm

Le Roi Barbabec est un conte de Jacob et Wilhelm Grimm.

Texte[]

Il était une fois un roi qui avait une fille très très belle ; mais elle était si fière et orgueilleuse qu'elle refusait tous les princes que son père lui présentait. Le temps passait et aucun prétendant ne trouvait grâce à ses yeux. Son père réunit à l'occasion d'un grand bal tous les rois et les princes de tout le continent. La princesse les passa en revue avec dédain en faisant à chacun une réflexion désagréable :

- Celui-ci est tellement gros qu'il est plus facile de le faire rouler.
- Celui-la est tellement laid qu'il ferait mieux de porter un cagoule.
- Quant à lui avec son grand nez il n'a pas besoin de fourchette pour piquer dans son assiette.

Arrivant devant le dernier, qui était fort beau et aimable, elle ne savait pas trop quoi dire, elle lança :

- Tiens il a une barbe en forme de bec !

Et depuis lors on l'appela le roi Barbabec.

Son père le roi voyant que sa fille était définitivement fière et orgueilleuse et qu'aucun prince ou roi ne pourrait lui plaire, jura de la marier au premier homme qui passerait au palais.

Quelques jours plus tard, un mendiant habillé de guenilles vint chanter sous les fenêtres du palais. Le roi le convoqua et lui dit :

- Ta chanson m'a tellement plu que je te donne ma fille à marier.

Le pauvre homme qui avait déjà du mal à trouver de quoi se nourrir, essaya de refuser. Mais le roi lui donna le choix entre le mariage ou se faire couper la tête. Aussi malgré les protestations du mendiant et les caprices de la princesse les noces furent célébrées le jour même.

Comme la princesse boudait et boudait encore, sur la demande du mendiant, le roi lui dit :

- Maintenant que tu es marié avec cet homme, il ne faut pas que tu restes au château car une fille doit vivre la vie de son mari. C'est ma volonté, demain matin vous devez avoir quitté le palais.

Ils partirent tous les deux. Le mendiant marchait vite et la princesse peinait à le suivre. Ils traversèrent une grande forêt où l'on voyait des hordes de cerfs, des cygnes, et d'autres animaux majestueux.

- Ce sont les bois du roi Barbabec, dit le mendiant.

Puis il marchèrent dans de vastes plaines couvertes de blés aux épis d'or, avec les chemins bordés de fleurs multicolores.

- Ce sont les champs du roi Barbabec, dit encore le mendiant.

Enfin ils traversèrent un grand fleuve, les poissons sautaient en laissant des ronds aux reflets d'argent.

- C'est la rivière du roi Barbabec, dit-il.

En entendant cela, la princesse se mit à pleurer car elle regrettait de ne pas avoir épousé ce roi si beau et si riche. A la place elle était marié à un pauvre homme habillé de vieux chiffons. Pour une princesse si fière et prétentieuse c'était pire que tout.

- Nous voilà arrivé à notre demeure, annonça le mendiant.

C'était une toute petite maison de bois, avec un sol de terre battue, il y avait juste une table de bois, un matelas de fougère pour dormir et un vieux chaudron posé sur une petite cheminée. Et bien sûr il n'y avait aucun serviteur.

La princesse ne savait ni faire la cuisine, ni même allumer un feu. Si bien que le mendiant dut préparer le dîner tout seul ce qui le rendit de très mauvaise humeur.

Le lendemain matin, il réveilla la princesse dès l'aube et lui dit en criant :

- Vraiment j'ai eu une mauvaise idée de venir chanter sous les fenêtres du palais ; tu es une mauvaise épouse. Tu dois te rendre utile pour mériter ton couvert. Sors d'ici et va au marché vendre ces poteries en terre.

Toute honteuse, par peur d'être reconnue, elle s'installa dans un coin du marché et disposa les pots de terre. A peine avait elle terminé qu'un chevalier fonça droit sur eux et cassa toutes les poteries. Elle ne pouvait plus rien vendre car les gens riaient de ces poteries cassées. Le soir elle rentra en pleurant car elle était terrifié par l'idée de dormir dans cette misérable maison et de rentrer les mains vides. Elle se rendait enfin compte qu'elle savait rien faire et que sa vanité était plus que ridicule.

Une fois qu'elle expliqua au mendiant comment elle avait perdu toutes les poteries. Il lui répondit sévèrement :

- Tu es vraiment bonne à rien, je te donne une dernière chance. Tout à l'heure les gens du château voisin m'on dit qu'ils avait besoin d'une servante aux cuisines. Tu vas y travailler comme cela tu sera nourrie pour quelque chose et tu pourras m'apporter à dîner.

La princesse devint donc servante et dut faire tous les travaux difficiles. Les autres domestiques se moquaient car ils voyaient bien qu'elle n'avait pas l'habitude de travailler. Si bien qu'ils lui ordonnaient de nettoyer l'étable des cochons, porter les seaux de fumier....

La nuit, après avoir apporté au mendiant les restes de nourriture qu'on voulait bien lui donner, elle pleurait en cachette, regrettant son orgueil qui avait fait qu'elle vivait comme une misérable au lieu d'avoir épousé un prince.

Au château, où elle était servante, on préparait le mariage du roi. Le chef de cuisine lui commanda de porter des pichets de vin à la salle de festin. Mille flambeaux éclairaient la salle richement décorée d'or et de fleurs. Quand elle y entra elle reconnut le roi Barbabec dont elle s'était moquée. Ce dernier la saisit par la main et l'entraîna au milieu des invités. Elle avait honte et se débattait si bien que son tablier se déchira et les restes de nourriture qu'elle avait pris pour son mari se répandirent sur le sol. Tous les invités éclatèrent de rire. La princesse humiliée voulut s'enfuir mais le roi Barbarec l'empêcha.

- Ne craint rien lui dit-il avec gentillesse. Le pauvre mendiant que tu as épousé, c'est moi. Je me suis déguisé en accord avec ton père car nous voulions briser ton orgueil. Le cavalier qui a cassé tes poteries au marché c'était encore moi. Mais maintenant que tu as compris, tes malheurs sont terminés et ce sont nos vrais noces que nous allons fêter aujourd'hui.

On para alors la jeune fille d'une magnifique robe et des plus beaux bijoux. Elle retrouva sa beauté et la joie de vivre.

"Plus jamais elle ne se moqua des petits défauts des autres, car elle savait maintenant qu'elle aussi n'était pas parfaite. Elle régna avec sagesse et bonté et vécut heureuse jusqu'à plus de cent ans. Si bien qu'on se souvient encore de son histoire. La preuve je vous la raconte aujourd'hui."
Les Frères Grimm
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